L'homme est le seul animal à enterrer ses morts.

Depuis 100 000 ans, l'être humain interroge la mort à travers des réactions et des motivations non pas d'ordre biologique mais culturel.

A travers cela, les communautés humaines ont définit des espaces voués aux morts qui prennent, soit des aspects individuels : de la fugitive enveloppe tressée à la pyramide éternelle de pierres, soit des aspects collectifs : des niches du colombarium aux résidences de la cité des morts du Caire.

Le domaine d'étude privilégié est le cimetière urbain : interdits au XIXè. siècle dans nos villes, ces ilôts d'éternité renferment secrètement, ici comme ailleurs, un discours révélateur sur la culture d'un peuple.

Ainsi, il est intéressant d'observer à travers le temps les caractéristiques de ces cimetières - conception, situation géographique et urbanistique, fonctionnement, organisation - et le rôle que joue la mort dans une société qui, à travers les comportements et les moeurs, définie et identifie ces lieux.

Le cadre d'étude s'oriente alors vers une approche sociale, territoriale et mentale de l'espace de la mort :

- l'image transmise par une société à travers la conception et l'organisation de ses cimetières.

- le pouvoir ou la fatalité des cimetières occidentaux d'être de véritables réductions/représentations symboliques de l'organisation et du fonctionnement de la société.

- les comportements et les moeurs de notre société autour de la mort, hier et aujourd'hui, comparés avec d'autres groupes sociaux.

- l'attitude scientifique contemporaine envers le corps et la maladie et les conséquences que cette attitude peut engendrer sur les comportements face à la mort au sein d'une société. De même au sujet du rôle des médias qui, par l'image ou l'écriture, tendent à ramener la mort dans leur domaine qui est celui de la fiction.

- le phénomène d'intrusion du commerce dans la mort.

Les cimetières matérialisent le terme de la vie de l'homme et, pourtant, ils possèdent le pouvoir de péréniser la culture d'un peuple. En se mettant à leur "écoute", on s'apperçoit que ces lieux, qu'ils soient anciens ou contemporains, sont bavards : leur organisation évoque constamment l'évolution de la société qui les a générés. A l'aube du XXIè. siècle, la conscience collective occidentale relègue la mort au rang de tabou et, pourtant, cela n'empêche pas les cimetières contemporains de délivrer un message issu et représentatif de la société industrielle. Cet état de fait entraîne avec lui une modification spaciale, sociale et symbolique des espaces des morts.